Découverte
Hier, avec des amis, nous sommes allés visiter la fondation du peintre Roger Van Rogger.
Cette phrase me semble si banale pour aborder un lieu qui l'est si peu.
A deux pas de la ville et des plages de Bandol, au milieu de la végétation intacte , lorsqu'on arrive en vue des bâtiments, on sent qu'on entre dans l'univers chargé d'un personnage hors du commun.
On a eu cette chance, de découvrir le lieu avec Thierry, ami de la famille de l'artiste.
On entre et visite ce domaine en silence et respectueux de toute cette présence qui nous accompagne.
Aujourd'hui , je vous ai présenté le lieu, j'aborderai plus tard L'Homme puis l'oeuvre
Je termine par un de ses poêmes: Autobiogrief
Veuillez m'excuser de disparaître, je vous prie, cher public, mais en cherchant une trace de mon existence je n'en ai trouvé nulle.
D'ailleurs si je n'existe plus, ai-je jamais existé ? Mystère !
D'autant mieux que les progrès de mon absence sont tels qu'il ne faut pas trop y compter ! De plus, je n'ai pas la souplesse nécessaire à m'insérer dans le monde artistique.
Une vraie vie de peintre quoi!
C'est triste quand je pense au confort et à tous ces étages.
Et qu'elle est lourde ma liberté de ne pas être!
Quelle légèreté doit avoir la pesanteur d'une personnalité bien opaque.
Que de problèmes pose le transport permanent d'une vitre!
Pas d'état civil pour une ombre!
Alors pour l'ombre d'une vitre qui n'est délimitée que par l'incompréhension?
Ah! si je ne m'étais pas, depuis longtemps, exercé à disparaître devant les majestés de la Création j'aurais un rang, une place, un poste; quelque chose et je pourrais vous en parler.
Hélas! le temps s'est écoulé à travers moi, comme un fleuve puissant qui débouche dans une mer assoiffée.
Maintenant vos paroles traversent ma transparence et se plantent derrière moi, dans le soir qui tombe tendrement.
j'aime mon travail avant tout et je reviendrai, quand tout sera éteint ...
VAN ROGGER
Janvier 1969